Révolution et guerres de Vendée

-La paroisse en 1789

Quand en 1789, la Révolution Française commence, la paroisse de Saint-Macaire est selon Célestin Port : «  un lieu envahi par les landes et les eaux croupissantes, dévasté par les faux-saulniers ».  C’est que le sel coûte beaucoup plus cher à St Macaire qu’en Bretagne toute proche totalement exempt d’imposition. Il est même plus cher qu’à St André dépendant du grenier de Mortagne et bénéficiant d’un régime plus favorable dit « rédimé ». Ceci dans une proportion de 1 à 10 : l’on conçoit le trafic, quasi professionnalisé dans ce contexte de misère générale. Les gabelous censés réprimer le trafic vivent souvent sur le dos de la population et se rendent coupables de nombreuses exactions.
Outre les artisans et les tisserands, l’agriculture faisait vivre environ 46% des macairois ( essentiellement de l’élevage). Une fraction de la population vivait de la charité publique c’est à dire du curé. Celui-ci avait, en effet, la charge de reverser une partie de son revenu aux nécessiteux: (dans le bourg, une quarantaine de ménages et une trentaine d'autres dans les villages, sur un total de 310 feux). Il ne faudrait pas exagérer la misère de l’époque : les chiffres de mendicité semblent gonflés pour obtenir plus de moyens.

Une partie de la population vit dans une certaine aisance, ébauche de la bourgeoisie du XIX e siècle : artisans, meuniers, gros métayers et surtout fabricants et négociants en tissage : en tout une petite centaine de personnes représentant ce qu’on appelait alors les notables. L’état sanitaire de la population s’est amélioré : il y a deux maîtres chirurgiens, et une sage-femme qui a suivi des cours à Angers. Mais il n’y a point de vétérinaire !
Aux premières élections municipales de janvier 1790, le premier maire de la commune se nomme René Bouchet. Le « conseil général de la commune » était formé de 6 officiers municipaux, élus au scrutin indirect, de 6 notables et d’un procureur, sorte de préfet communal représentant l’état. Les années 90-91 virent se développer une querelle entre St André et St Macaire pour s’attribuer le rôle de chef lieu du canton nouvellement créé. St Macaire détrôna donc St André, début 92, d’abord choisi par le département .

Quand se formèrent les gardes nationales dans les communes, d’abord en 89, puis de façon plus structurée en octobre 91, St Macaire fournit 40 hommes. Peu après, le curé constitutionnel, Pierre-Charles Boillet  arriva dans la commune tandis que le curé Delacroix qui n’avait pas voulu prêter serment le 23 janvier, quitte St Macaire pour se  réfugier chez son frère, curé de Bécon , puis à Angers .Comme dans beaucoup de municipalités des Mauges, le maire démissionna et fut remplacé après les élections de juin 91, par Pierre Audouin,  plus acquis en tant que franc-maçon aux idées nouvelles. Mais déjà, dans les campagnes, la révolte grondait et dans l’été 92, la municipalité dut  faire appel aux gardes nationaux et au II e régiment de cavalerie pour ramener le calme dans les villages environnants.  Depuis le 20 avril , la guerre sévissait aux frontières et quelques jeunes macairois, recrutés pour 5 ans par les gardes nationaux, firent partie des fameux soldats de l’an II.

La guerre civile

En mars 93, au moment de l’embrasement de la région, un cultivateur de la Bodinière, Pierre Jamin entraîna une petite troupe qui se mit plus tard sous les ordres de Cathelineau, tandis que quelques républicains prêtèrent main forte aux assiégés de Cholet. Louis Humeau, frère aîné du procureur de la commune et tenancier de l’auberge du Lion d’or y est tué, ainsi que deux autres macairois lors de la prise de la ville par les insurgés. Un comité royaliste installe son pouvoir : il est dirigé par Michel Humeau, ancien militaire de 86 à 92. Mais le 17 octobre, la défaite des blancs à Cholet, entraîne tous les combattants « à la Loire ! » dans ce qui sera la virée de Galerne pendant laquelle périt entre 20 et 30 macairois.  Le curé Louis Delacroix suivit l'armée vendéenne, passa la Loire avec elle, et, essaya de se réfugier dans son pays natal. Il fut arrêté et interrogé à Ingrandes puis  guillotiné à Angers le 10 juin 1794.Le curé constitutionnel, à la même époque : " réitère l’abdication du culte catholique et renonce à jamais exercer aucune fonction". Le vicaire Joseph-Pierre Gaudin, lui, resta tout le temps sur le territoire de la paroisse. Il  allait de cachette en cachette pour baptiser, marier, assister les malades. Il disait la messe secrètement, soit dans une maison du bourg, soit à la campagne, principalement à la Sourbalière, route de St Philbert.

Début 1794, la machine répressive de la Convention s’abat sur le pays insurgé. Pour éviter des massacres indistincts, les responsables républicains envoient au district de Cholet une liste des bons citoyens composée de 89 personnes de tous âges. Le 8 janvier le procureur de la commune, René Humeau, arrêté sur dénonciation du comité républicain et du notaire Nivelleau devenu juge de paix du canton, est guillotiné à Angers, place du ralliement.  Le 29 janvier, une partie de la colonne infernale commandée par Crouzat qui gardait des magasins de blé, est bousculé par Stofflet, voulant venger La Rochejaquelein, mort la veille. Après la signature du traité de la Jaunaye, par Charrette, le 17 février 1795, Stofflet, entouré de 54 lieutenants, lance, de St Macaire, le 4 mars, une: "adresse aux habitants du pays conquis" dénonçant le traité. Pourtant des négociations entre ses lieutenants et les représentants républicains ont lieu dans la maison dite de  "la comitée" aboutissant à la signature de la paix de St Florent le 2 mai. Le 21 mai, il s’arrête pour quelques jours à St Macaire.

Après la mort de Stofflet puis de Charrette, la pacification des esprits mit du temps à se faire .Le régime du directoire avait remplacé les municipalités par des assemblées cantonales. Sur le canton, c’était de nouveau St André qui avait la prééminence. Après l’éviction de tout ancien responsable de l’insurrection , il devint quasi impossible de trouver des responsables locaux. Ancien lieutenant de Stofflet, puis secrétaire de l’assemblée cantonale, Joseph Peraire était marié à Adélaide Humeau, fille du procureur guillotiné. Il fut accusé d’avoir tué deux gendarmes et exécuté à Angers en 1799. La reprise de la fermeture des églises et de la poursuite des prêtres au printemps 99 provoqua une reprise des combats, en particulier sur la lande  de la Papinière, près de la Varenne le 14 juillet. 250 insurgés se heurtent à la 28 e demi brigade légère de Cholet. Mais le 10 octobre, Bonaparte arrive au pouvoir et sollicite l’abbé Bernier pour négocier le Concordat. La paix de Montfaucon est signée et les esprits s’apaisent.