La grande pierre levée de la Bretellière...

Mise en évidence du serpentiforme .
Mise en évidence du serpentiforme .

 En 1806, Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux ancien membre du Directoire visite la pierre  levée de la Bretellière : " Elle s'élance, écrit-il,au milieu d'une haie, sa masse et son élévation me frappèrent d'étonnement. Sa majesté sauvage parut en imposer à nos guides eux-mêmes. Figurez-vous un bloc de granite de 7,50 m de circonférence s'élevant à la hauteur de 7 m, avec des proportions aussi belles que la nature puisse les offrir dans un bloc de pierre, sans le secours de l'art ".

Ce soir d'octobre 1806, le soleil ne va pas tarder à se coucher et il faut se presser, Louis-Marie de La Reveillière a juste le temps d'apercevoir les nombreuses croix qui courent à hauteur d'homme autour du monolithe. " On pourrait croire, écrit-il, que des prêtres chrétiens voulurent jadis consacrer ce monument au nouveau culte ".
En effet, en ces temps d'évangélisation des 5, 6 et 7e siècles, il ne fait pas bon s'adonner au culte des pierres et des fontaines. De nombreux conciles, dont celui d'Arles en 452, déclarent sacrilèges ceux qui ne s'emploient pas à faire disparaître les coutumes d'adorer les fontaines, les arbres et les pierres. Celui de Nantes en 658 rappelle que : << Les pierres que des gens trompés par les ruses du démon, vénèrent dans des lieux en ruines et dans les forêts y faisant des vœux ou les y apportant, qu'on les enfouisse profondément et qu'on les jette dans un tel lieu que jamais leurs adorateurs ne puissent les trouver. ››
On abattait donc les menhirs, mais qui se serait risqué à détruire celui de la Bretellière pesant plus de 50 tonnes ?  ll était plus facile de le recouvrir de croix et d'ainsi le soustraire à la vindicte ecclésiastique. On en dénombre encore un grand nombre, à hauteur d'homme, sur trois de ses faces. A ces croix s'ajoutent quelques signes énigmatiques ressemblant vaguement à des blasons.

En regardant cette énorme pierre, la question de son transport et de son érection vient immanquablement à l'esprit. Là encore Louis-Marie de La Révellière nous apporte la réponse : "C`est le diable qui devait transporter la pierre à cloche-pied de l'autre côté de la rivière et il fallait qu'il la porta avant minuit jusqu'à sa destination. Mais l'heure fatale ayant sonné avant qu'il eut atteint les bords de la rivière, il laissa tomber la pierre dans l'endroit où elle se trouve encore aujourd'hui".
Plus sérieusement, les expérience réalisées sur de nombreux sites ont prouvé que 300 à 400 personnes suffisaient pour venir à bout de cette tâche. Le granite nécessaire se trouve à 600m au nord du site.

Gravures en croix.
Gravures en croix.

Érigé au néolithique il y a environ 6 500 ans la pierre levée de la Bretellière n'est pas un bloc de pierre brute, la surface en a été bouchardée (régularisée par martelage), et la face nord présente, sur les deux tiers supérieurs, une gravure en faux relief (gravure obtenue en creusant de chaque côté).
C'est une ligne brisée qui, développée, atteint 5,50 m de longueur. La partie basse manque, dégradée par les nombreux frottements. Très altérée par l'érosion, cette gravure exceptionnelle découverte en l'an 2000, est difficilement visible en plein jour, mais elle se révèle impressionnante par un éclairage rasant.

On assimile généralement cette gravure en forme de zigzag au corps d'un serpent. Le serpent, dans de nombreuses civilisations, est symbole d'immortalité, de renaissance, de fertilité. Nous ne savons pas ce qu'il en était il y a plus de 6000 ans...

La pierre levée de la Bretellière pourrait, avec sa voisine de la Bretaudière, faire partie d'un ensemble cérémoniel et funéraire dont il ne reste à ce jour que sept pierres en alignement lâche sur 2000 m.

Position GPS du parking : 47° 6' 12,6 N     1° 2' 17,9 W

Menhir de la Bretellière Sèvremoine au cœur des Mauges

Auteur Mr Albert Maudet ... composition musical, Camille MAUDET